Faune et flore de l’étang de natation

Plus qu’un simple point d’eau propice à la baignade, votre étang est un biotope naturel abritant une multitude de végétaux et d’animaux. Son eau claire et pauvre en nutriments est en effet idéale à de nombreux organismes particulièrement intéressants et parfois menacés.

TEXTE & PHOTOS : Guido Lurquin

Fauna

Qui dit étang, dit grenouille. Leurs larves, les têtards, mangent les algues qui poussent sur la berge et se révèlent donc très utiles, contribuant à la propreté du point d’eau. La grenouille est un animal amusant à observer. Elle capte uniquement les mouvements avec ses yeux, ce qui signifie qu’il est possible de l’observer de près sans l’effrayer. Il suffit de s’en approcher lentement, sans interrompre son mouvement.

Beaucoup d’oiseaux chanteurs ne pourront résister au bruissement de l’eau de votre étang de natation. Attirés à proximité, ils tenteront de couvrir le clapotement de l’eau avec leur chant. La bergeronnette sautillera entre les plantes aquatiques à la recherche de nourriture, tandis que l’hirondelle rasera la surface de l’eau pour en aspirer une petite

gorgée.

 

Il nous est tous arrivé de sursauter alors qu'une libellule nous frôle. C’est comme si l'animal venait nous examiner, et c’est probablement vrai en partie. La libellule défend son territoire et vient observer ce qu’il se passe pour satisfaire sa curiosité. Parfaitement inoffensives pour l’homme, les libellules et les demoiselles se montrent très utiles en attrapant des quantités incroyables de moustiques et de mouches.

Certains animaux utilisent aussi la tension de surface de l’eau pour se déplacer. La punaise d’eau, par exemple, patine à la surface de l’eau, à la recherche d’animaux tombés dans l’eau. Telles des pirogues, ses pattes s'étendent de pratiquement toute leur longueur sur la surface de l’eau. La punaise peut également faire de grands bonds, sautant parfois jusqu’à 10 cm plus loin. Un bel exploit pour un animal si petit, surtout à partir d’une surface comme de l’eau.

Un escargot apparaît sous l’eau. On peut distinguer le petit orifice par lequel l’invertébré respire. Les planorbes se nourrissent d'algues, et les limnées ou mélanoïdes s'attaquent aux déchets végétaux. De petits animaux très utiles, donc. Le corps de certaines planorbes peut arborer une couleur rouge particulièrement vive, l'animal utilisant de l’hémoglobine (du sang) pour son oxygénation.

Nager entre les poissons... Possibilité ou obligation dans votre étang ? Réponse : c’est possible, sans être obligatoire ! Les gens mettent souvent des poissons dans leur étang, pour diverses raisons.  C’est un ajout sympathique, cela permet de contrôler la qualité de l’eau de manière biologique, c’est efficace pour éviter d’être envahi par les insectes. Reste cependant à choisir la bonne espèce de poissons. Une dizaine d' ides mélanotes dorés (ou bleutés, selon vos préférences) et une tanche solitaire vous permettront de contrôler la prolifération des insectes en surface et des animaux au fond de l’étang, respectivement. La tanche sauvage, de couleur vert-bronze, se fera assez discrète. Vous pouvez aussi opter pour des tanches plus colorées, aux écailles orange, blanches, blanches et rouges, etc.

 

 

Flore

Bien des étangs de natation sont bordés d'iris jaunes. Un choix qui ne surprendra personne : la plante donne de jolies fleurs, est facile à entretenir et remplit sa fonction à merveille, à savoir épurer l’eau. Les feuilles sont belles et ne coupent pas, tandis que les fleurs, grandes et élégantes, se laisseront admirer au mois de mai.

On lui adjoindra souvent d'autres plantes sélectionnées pour leurs qualités filtrantes ou esthétiques. L'acore par exemple, qui fait partie des plantes aquatiques hautes. Le rhizome s’entoure de feuilles en forme d’épée qui peuvent atteindre 1 à 1,5 m de long et sont ondulées d'un côté, ce qui les rend facilement identifiables par rapport aux feuilles de plantes similaires. Les feuilles froissées dégagent une odeur forte dont les arômes délicats rappellent la senteur de la cannelle et de la mandarine. Les racines de l’acore libèrent des particules qui désinfectent l’eau et empêchent la prolifération de germes pathogènes comme les salmonelles.

La véronique des ruisseaux est une plante filtrante efficace en hiver, et également comestible. Parsemée de minuscules fleurs bleues, cette plante est fortement recommandée pour les zones végétales filtrantes des étangs de natation étant donné son activité hivernale. En parfait ménage avec l’iris jaune, la véronique des ruisseaux est une plante qui reste basse pour former un élégant tapis au sol et qui prendra le relais de l’iris jaune lorsque celle-ci ne pousse plus et ne fleurit plus (automne et hiver). Toutes les parties vertes de la véronique des ruisseaux, soit les feuilles et les jeunes bourgeons encore fermés, forment un légume original qui peut être consommé cru dans des salades, malgré son goût quelque peu amer qui rappelle celui du cresson, mais en moins prononcé. À bien rincer avant consommation !

La pesse vulgaire mérite elle aussi une mention. Ses feuilles immergées sont verticillées, tandis que les tiges qui sortent de l’eau forment de petits sapins miniatures très décoratifs. La plante dépassera la surface de l’eau de 30 à 50 cm maximum. Elle trouvera sa place en tant que plante oxygénante des marais étant donné sa capacité à grandir dès le début du printemps. La pesse commence en effet à pousser dès que les températures atteignent 8 à 10 degrés, ce qui est excellent pour assurer l’équilibre de l’étang de natation à la sortie de l’hiver.

Un peu moins connue, Yerba mansa (Anemopsis californica) est une plante qui reste en fleurs du printemps à l’été. La fleur est toute particulière, avec ses sept longues bractées souvent considérées, à tort, comme des pétales. La fleur en elle-même mesure environ 4 cm. Yerba mansa est ravissante, surtout au cours des mois d'été chauds. De loin, son inflorescence lui donne des allures d'anémone, si ce n’est la forme conique du pistil. Ses longues bractées blanches ressemblent à des pétales et sont souvent teintées de rouge. La fleur en elle-même est petite, avec des pétales blanc verdâtre. La tige peut atteindre 55 centimètres de long. Cette plante aquatique assez spéciale nécessite un apport argileux pour bien se développer ; plantez-la donc dans un panier avec des billes d’argile.

Sorti tout droit d'un conte de fées, le jonc fleuri est certainement l’une des plantes aquatiques indigènes les plus belles et ravissantes. Cette plante palustre vivace, à feuilles caduques, est protégée par la loi, mais reste disponible dans le commerce spécialisé. Ses grandes fleurs s'agiteront délicatement à la moindre brise. Les pétales affichent une couleur difficile à décrire et rarement observée dans le règne végétal, allant du rose au violet en passant par le brun, qui apportera une diversité bienvenue dans les zones vertes de nos étangs.